Les Eco-Games


 
Leurs missions
Imaginés dès le début des années 2000, les premiers Eco-Games voient le jour à l’automne 2004 dans l’état de Bahia au Brésil, sous le nom de Jeux mondiaux de l’environnement. Deux objectifs derrière ces jeux alternatifs : maximiser l’impact humain (positif) et minimiser l’impact environnemental (négatif), pour un triple bénéfice partagé et partageable. En effet, en plus de faire émerger un nouveau concept théorique qui s’appuie sur 10 principes simples et explicables à tous (cf. ci-dessous), ils offrent un exemple concret de manifestation véritablement éco-sportive engageant parfois des mesures extrêmes pour limiter son empreinte environnementale, et à laquelle tout le monde peut donc participer à moindres frais pour la Planète. Enfin, ils constituent un label de qualité qui a largement fait ses preuves en matière de développement durable appliqué au monde du sport.
Leurs principes
A ce jour une trentaine d’épreuves ont été organisées en France ou à l’étranger, et constituent à notre sens incontestablement LE modèle d’organisation sportive actuellement le mieux adapté aux exigences écologiques du 21ème siècle, comme en témoignent ses 10 principes suivants, parfois très éloignés des règles traditionnelles d'organisation sportive :

Principe n°1 : la préparation et le déroulement des Eco-Games s’inscrivent par essence dans les perspectives du développement durable : valorisation extrême des composantes environnementales, application d’une charte environnementale d’organisation, maximisation de la dynamique sociale locale, optimisation des coûts d’organisation, logique de redistribution des gains éventuels aux acteurs locaux, etc.
Principe n°2 : les caractéristiques de l’environnement local physique et humain décident des pratiques sportives et animations extra-sportives qui seront retenues dans le programme des Eco-Games ; ces pratiques découlent donc « naturellement » du site qui les accueille et s’y inscrivent harmonieusement.
Principe n°3 : les pratiques sont systématiquement aménagées pour les rendre accessibles à tous les publics, compétiteurs ou non, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, etc., de manière à favoriser la participation du plus grand nombre.
Principe n°4 : le programme sportif propose un mix équilibré entre épreuves compétitives et épreuves de découverte (c’est-à-dire sans classement ni chronométrage).
Principe n°5 : la production de performance sportive est relativisée, pour mieux valoriser l’environnement qui l’accueille et l’épanouissement personnel et social des participants.
Principe n°6 : l’organisation des Eco-Games est foncièrement minimaliste et leur logistique épurée au maximum, de manière à s’affranchir pour partie des contraintes qui entourent traditionnellement les organisations sportives, et en simplifier la préparation et le déroulement (le minimalisme des structures et de l’organisation constitue d’ailleurs sans doute LA marque de fabrique de ces Jeux).
Principe n°7 : les Eco-Games s’appuient au maximum sur les ressources disponibles dans l’environnement local support des pratiques ; « faire avec l’existant » constitue donc un véritable leit motiv pour ces Jeux.
Principe n°8 : la dépendance à l’argent et au « tout économique » est minimisée, au profit d’autres modèles comme le don ou le troc ; le mécénat est préféré aux partenariats financiers traditionnels, qui prônent la logique d’un retour sur investissement parfois asservissant pour l’organisateur ; aucune prime de course et autre grille de prix n’est proposée aux vainqueurs des différentes épreuves ; etc.
Principe n°9 : pour lutter contre le cloisonnement à l’extrême des rôles et des responsabilités, qui nuit foncièrement au sport et au bien être de ses pratiquants, les Eco-Games proposent à l’inverse de « dé-compartimenter pour mieux responsabiliser » ; autrement dit, de faire comprendre « de l’intérieur » aux sportifs les rouages de l’organisation du sport, et de les y associer, dans une logique participative de l’ensemble des acteurs concernés.
Principe n°10 : les Eco-Games ne sont pas seulement « sportifs », ils proposent en parallèle un programme riche d’activités valorisant les patrimoines naturel et culturel locaux, sous des formes très variées : conférences-débats, séminaires, expositions, rencontres de terrain, visites de parcs & réserves, opérations de réhabilitation des espaces naturels, recycl’art, etc.

On retiendra notamment de ses 10 principes : la modification du rapport à la pratique compétitive ; le refus des critères de participation et sélection fondés sur un niveau minimum de pratique ; le non chronométrage de certaines épreuves ; le refus de structures jugées comme inutiles (arches de départ/arrivée, tribunes, etc.) ; le paiement des coûts d’inscription à certains Eco-Games sous d’autres formes que le numéraire (conserves et autres produits de première nécessité lors d’actions en faveur des sans-abris et des mal logés), la collecte de matériels et équipements sportifs offerts à des populations de jeunes sportifs sans ressources, du matériel scolaire à destination d’enfants issus de familles vivant dans le dénuement, etc. ; l’incitation faite aux pratiquants à passer « de l’autre côté de la barrière » en contribuant à certaines tâches d’organisation, de type : accompagnateur, ravitailleur, arbitre, pointeur, chronométreur, photographe, etc.

Dans le sport, comme dans la vie de tous les jours, pour peu que l’enjeu planétaire en fasse partie, les seuls et vrais défis sont ceux que l’on se fixe à soi-même!

Exemples d’Eco-Games


Parmi les Eco-Games organisés hier ou aujourd’hui citons les Eco-Games Amériques, épreuve pionnière à laquelle participent gratuitement chaque année des centaines de jeunes Bahianais issus des communautés défavorisées d’Itacaré ou de Taboquinhas auxquels sont destinés tous les produits de la collecte d’équipements sportifs coordonnée annuellement en France par SVPlanète, organisatrice de ces Jeux qui mettent en perspective les merveilles naturelles de la région (côte bahianaise, forêt humide tropicale, et embouchure de rivières sauvages, notamment), et qui fournissent la double occasion d’une éducation sportive complète (une vingtaine de modalités de pratique figurent au programme de ces Jeux) et d’une sensibilisation de ces jeunes à l’environnement (palestre dédié à la protection de leur environnement local, opération de nettoyage de plage, etc.).


Evoquons également les Eco-Games Normandie, dont l’organisation est épurée à l’extrême (deux bénévoles seulement gèrent l’ensemble de la manifestation au cours du week-end), pour lesquels la responsabilisation des pratiquants est maximisée (autogestion des ravitaillements et du chronométrage, auto-arbitrage, etc.), et qui suit des règles volontaristes parfois assez radicales : ainsi, pour optimiser l’ « immersion » des participants dans le milieu naturel les épreuves sportives se déroulent sur l’estran manchot et dans les dunes, loin de toute présence humaine, et l’hébergement s’opère dans un camping de garennes face à la mer ; pour garantir une parité hommes-femmes totale, seuls peuvent s’inscrire des équipes de deux, selon le motto « un gars & une fille » ; pour minimiser l’impact environnemental des déplacements, les transports collectifs ainsi que le covoiturage sont valorisés, et tous les transferts locaux du week-end s’effectuent à pied ou en Vtt ; pour sensibiliser à la cause de l’eau et limiter la production de déchets, seule l’eau du robinet est proposée aux participants, etc. Cet Eco-Games dédié à l’estran bas-normand et aux élevages de moules de Bouchot se dessine autour de ces derniers, à pied, en Vtt ou lors d’un aquarun (1) toujours plus épique.


Les Eco-Games Bourgogne sont quant à eux, dédiés à l’univers de la vigne, montés en partenariat avec le lycée viticole de Davayé et dont les circuits traversent les vignobles du Mâconnais et gravissent les pentes des roches de Solutré et de Vergisson.


Organisés entre océan, pinède et bassin d’Arcachon, les Eco-Games Aquitaine célèbrent l’huître, omniprésente dans les assiettes comme lors de l’épreuve phare de kayak biplace qui sinue entre les parcs ostréicoles et les fameuses cabanes Tchanquées du bassin.

Chacun des Eco-Games régionaux mis sur pieds en France comme à l’étranger fait donc la part belle aux richesses naturelles et culturelles locales, une re-localisation indispensable à toute manifestation sportive prétendant s’inscrire dans une logique de développement durable du sport…

Les principes décrits et mis en œuvre concrètement dans le cadre des Eco-Games posent donc ces derniers comme un modèle alternatif plus viable, vivable et équitable d’organisation et de pratique du sport ; la réduction à la source des contraintes d’organisation, le minimalisme des structures requises, la prise de distance par rapport au monde de l’argent, la maximisation du recours aux ressources disponibles localement, ou encore la responsabilisation des différents acteurs concernés contournent les blocages et inerties inhérents à l’organisation traditionnelle des manifestations sportives, et permettent ainsi l’organisation de ces Eco-Games sur tous les continents et dans tous les pays… Et si les organisateurs du monde entier acceptaient de former une grande chaîne de solidarité au profit de la Planète, en ralliant la bannière des Eco-Games ?

(1) L’aquarun est une discipline sportive inventée en Afrique au début des années 90 par Didier Lehénaff, qui consiste à marcher, courir et/ou nager dans une eau dans laquelle on a toujours pieds (bord de mer, rivière, lac…), de manière à permettre la pratique de tous, y compris des non nageurs ; une épreuve extrêmement ludique au cours de laquelle nageurs et coureurs rivalisent à armes égales, et qui constitue la solution idéale pour permettre à des personnes ne sachant pas nager ou ayant peur de l’eau (c’est le cas des populations africaines dans leur immense majorité) d’accéder malgré tout à cet univers aquatique grâce au sport.

(Textes extraits de l'ouvrage "un sport vert pour ma planète", Chiron 2012 - Tous droits réservés)
  

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